Un monde agricole, vieux de plusieurs siècles, s'est éteint à Montsapey voici une bonne quarantaine d'années, ceci sans qu'aucune solution pérenne ne parvienne à émerger localement. En garder la mémoire, avant qu'elle ne s'efface complètement, suppose de reconstituer au plus près, au plus prosaïque son organisation interne, organisation dans laquelle les alpages jouaient un rôle central, ainsi que sa lente évolution au fil du temps. Le croisement et la confrontation de la mémoire locale avec différentes sources (mappe sarde, cadastre napoléonien, délibérations du conseil municipal, actes notariés et de justice) permettent de restituer ce qu'étaient la rudesse du labeur quotidien des habitants, leur pauvreté, longtemps juste au-delà de la simple survie, et en même temps l'opiniâtreté de leurs efforts pour récupérer la propriété des terres et des alpages. Mais cette organisation portait en elle-même les causes de son lent déclin, dès le début XXe siècle, puis de sa disparition. Cette confrontation permet aussi d'effectuer cette restitution du point de vue des habitants, de la manière dont ils percevaient leur situation et de cerner les préoccupations qui ont animé trois siècles durant leurs efforts dans l'une des communes les plus pauvres de Maurienne.