Les médias, qui relaient les spécialistes et les hommes politiques, entonnent pour nous le refrain bien connu de l'abandon des campagnes et de la désertion de nos montagnes. Ils les considèrent comme irrémédiablement mises à l'écart avec des «indigènes» montagnards colonisés et parqués dans des sortes de réserves.
Cette prétendue règle offre pourtant des exceptions remarquables, dont Lucien Chavoutier nous retrace l'histoire en prenant pour éclairage les étapes de l'occupation du sol en Tarentaise.
On constate alors qu'un espace naturel peut offrir d'heureuses surprises à l'aménagement humain et que les ressources qu'il possède peuvent être successivement valorisées. C'est d'abord, pendant des siècles, voire des millénaires, grâce aux activités agricoles et pastorales. Depuis un siècle, l'exploitation des eaux a permis l'installation d'usines modernes dans les fonds de vallée, dotés de communications plus rapides. Enfin le dernier demi-siècle, celui du tourisme, tire parti des neiges et des glaces. Il se traduit par des implantations d'altitude, qu'elles soient de genre village ou, vers le haut, d'architectures urbaines très futuristes.
De plus en plus nombreux, les habitants ont réussi à construire une civilisation qui intègre le mode de vie de notre époque, mais en lui donnant pour base – ce qui est révolutionnaire dans le sens exact de l'expression – les diverses qualités naturelles du milieu montagnard. On passe ainsi d'essais successifs d'activités à une combinaison économique qui concerne de plus en plus tout le territoire et dont il s'agit maintenant de conserver les acquis, tous basés sur des richesses physiques, mais valorisées par l'intelligence et les efforts des hommes.