La peinture gothique en Maurienne et Val-de-Suse
par Edmond et Michèle Brocard
Article paru en décembre 1993 dans L’Histoire en Savoie magazine, SSHA
La Haute-Maurienne (à partir de la barrière naturelle de l'Esseillon, entre Modane et Lanslebourg — avec un crochet dans la haute vallée de l'Arc —) et le Val-de-Suse (en passant par le « grand valico », le col du Mont-Cenis) sont traversés par un tronçon de la « Via Francigena » ainsi nommée pour la première fois par Donizonis dans sa Vita Mathildis au XIIe siècle, aussi désignée comme l'antique « Strada di Francia ».
Cette voie traverse un territoire parcouru par des transits d'importance européenne, ouvert aux échanges quotidiens avec une vaste portion de l'aire alpine : courants marchands, pénétrations militaires, pèlerinages. Elle favorise également la propagation de la peste.
C'est un instrument d'affirmation et de conditionnement politique, mais aussi une zone d'apparence culturellement homogène, sensible autant à l'influence de la cour de Savoie, qui règne sur les deux versants du Mont-Cenis à l'époque gothique, qu'à la culture normative diffusée par les prestigieuses abbayes jalonnant les voies de pèlerinage. Nous nous trouvons en présence d'un carrefour artistique complexe, « magnifique laboratoire où s'accomplit le brassage d'influence aussi bien flamingo-bourguignonne que germanique, provençale et italienne ».
Epoque d'inspiration éminemment visuelle, les XIVe, XVe et le début du XVIe siècle privilégient la prédication aux masses croyantes par l'image, comme en témoignent les nombreuses représentations que nous nous proposons de vous faire découvrir. Elle est sous-tendue par une dynamique différente selon la religiosité de ceux qui savent, les clercs, et celle des ignorants. Mais elle est dominée par l'obsession de la mort, bonne ou mauvaise, la curiosité, avec un certain goût pour le rare et le singulier, et l'influence des mystères théâtraux sur l'art religieux.
Son lieu géométrique commun est l'importante abbaye bénédictine de Saint-Michel-de-la-Cluse, fondée au Xe siècle, dominant Avigliana sur le monte Pirchiriano, car Val-de-Suse et vallée savoyarde de la Haute-Maurienne sont alors sous sa juridiction.
Par ailleurs, une innovation importante marque le XV siècle : la formation de toute une série d'écoles de peinture, où chaque maître transmet sa manière à ses élèves. Si l'école de Biella influence le Val d'Aoste, le Valais et la Savoie du Nord, et l'école de Cunéo l'école de Nice, Maurienne et Val-de-Suse puisent leurs sources d'abord dans l'école de Turin, comme en témoigne au début XV siècle l'œuvre du fresquiste Giacomo Jaquerio (1401-1453). Cet artiste a connu, au service du premier duc de Savoie Amédée VIII, les artistes venus du Nord et flamands actifs sur les chantiers genevois et savoyards. Il n'ignore ni Campin, ni Conrad Witz, ni Jean Bapteur, et signera en quelque sorte l'adhésion de la peinture piémontaise au gothique international. L'école piémontaise de Vercelli est représentée pour sa part au début du XVI siècle par Defendente.
Entre ces deux pôles, une série de maîtres anonymes ou identifiés, antérieurs ou éponymes de Jaquerio, marquent la région d'une suite de cycles particulièrement représentatifs de cette époque.
Les Vices et les Vertus
Sur la façade principale nord de la chapelle Saint-Antoine de Bessans, se développe un cortège classique des Vices et des Vertus datant du XVe siècle. A l'extrémité, l'Enfer, large gueule de Léviathan aux crocs acérés, où sont conduits les Vices liés par la même corde. Cette représentation, didactique et fondamentale, est à rapprocher de celle qui figure sur le mur de façade de la chapelle San Stefano de Giaglione, attribuée au maître de Jouvenceaux.
Au niveau supérieur, saint Pierre et Dieu le Père, en mandorle, attendent les vertus assistées de leur ange gardien à la porte du Paradis. Au registre médian, la cavalcade des Vices, aiguillonnée par des diables et enchaînée, s'engouffre dans la gueule béante du Léviathan. Au bas, les supplices infernaux attendent les damnés. Cette fresque est très inventive. Mais d'autres exemples sont visibles à Millaures, en façade de la chapelle Sant' Andrea des Horres, et à Salbertrand.
La série de Giaglione n'est pas sans rappeler la planche XXII de l'Apocalypse figurée d'Amédée VIII réalisée par Bapteur et Lamy vers 1434.
Ce thème des Vices et des Vertus est cher au langage alpin. Son aire de diffusion s'étend de la Méditerranée au Val d'Aoste par la Ligurie, le comté alors savoyard de Nice et le Brianconnais. Il est vraisemblablement d'origine piémontaise.
Les grands cycles
En Haute-Maurienne, deux chapelles présentent des cycles de la Vie du Christ : celle de saint Antoine à Bessans et celle de saint Sébastien à Lanslevillard.
Leur point commun se retrouve dans l'abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse. Il semble en effet qu'Urbain de Miolans, son prieur commendataire de 1503 à 1522, soit représenté sur la façade de Bessans en froc bénédictin, et qu'il ait été un bienfaiteur de la chapelle. Par ailleurs, les droits possédés par le comte de Savoie Amédée IV sur Lanslevillard furent achetés en 1367 par cette même abbaye. Mais le commanditaire de Lanslevillard serait un notable du tiers, Sébastien Turbil, rescapé d'une de ces épouvantables épidémies qui se propageaient au long des grands axes de communication. Toutefois, isolé des autres panneaux, figure encore ici un moine bénédictin tenant un cartouche en sa main gauche. S'agit-il, comme à Bessans, d'un abbé de Saint-Michel de la Cluse ?
Bessans présente intérieurement un cycle de la Vie du Christ en quarante panneaux, légèrement postérieur à celui de Lanslevillard. On y privilégie les épisodes dramatiques et les minces détails de la réalité quotidienne, avec des réminiscences certaines des Très Riches Heures du duc de Berry, propriété au XVe siècle de la cour de Savoie. Les Noces de Cana présentent une « curieuse recherche reprise de Duccio » (Gardet) : le rayon de soleil qui pénètre par une fenêtre à gauche de la scène.
A Lanslevillard, la Vie du Christ occupe trente-six panneaux. Il y manque Les Noces de Cana, Le Baptême du Christ, Les Pèlerins d’Emmaüs et L’Incrédulité de saint Thomas, présente à Bessans. Ici encore, La Dernière Cène se réfère à la Maesta de Duccio.
Mais l'originalité de la chapelle Saint-Sébastien de Lanslevillard réside dans l'association de la vie d'un saint à celle du Christ : saint Sébastien, le thérapeute, anti pesteux, patron de la chapelle, étalée en dix-sept tableaux, et dont le rapport est évident avec la littérature médiévale des mystères. Un des rares autres exemples d'association analogue se trouve à San-Fiorenzo-de-Bastia Mondovi en Piémont, qui allie les vies de saint Florent, saint Antoine et du Christ.
Clément Gardet attribue les fresques de Bessans et Lanslevillard à un maître anonyme rattaché au courant post-jaquérien, dont procéderait également l'auteur des fresques de La Brigue, le piémontais Canavesio de Pignerol, intermédiaire culturel entre les deux versants des Alpes. Moins fin que celui de Baleison, on reconnaît le style de Canavesio à son caractère dur, acéré, à ses physionomies à l'allemande et à son traitement particulier du thème de Judas.
Le style des peintures murales haut-mauriennaises est composite, il mêle des influences flamandes, nordiques et des apports italiens.
On ne connaît pour l'heure que quatre cycles complets de la Vie du Christ dans l'aire alpine : Lanslevillard ; Bessans, légèrement plus tardif; La Brigue, par Canavesio, 1492, dans le comté de Nice ; Puy-Chalvin, fin XVe siècle, dans les Hautes-Alpes.
On peut leur rattacher un épisode isolé, la fresque XV siècle de La Déposition de Croix dans l'église paroissiale de Termignon, et un cycle partiel découvert en 1978 dans la chapelle del Conte de San-Giofio en Val-de-Suse.
Quant aux vies des saints, on peut assimiler au cycle de Lanslevillard celui de la chapelle Saint-Antoine de Pianezza en Val-de-Suse, car l'utilisation de modèles identiques pour ces deux édifices paraît vraisemblable. A Pianezza, les voiles de la voûte comportent un cycle de saint Sébastien, et l'épisode de la guérison du préfet Chromace est assez comparable à celui de Lanslevillard. Par ailleurs, le traitement des panneaux, la manière de représenter l'espace rappellent les fresques du cycle de Marie-Madeleine et de saint Joseph de l'église Saint-Pierre d'Avigliana, comme celles de la nef centrale de la chapelle cimetériale de San-Maurizio Canavese, datables de 1491.
Ces deux dernières sont attribuées soit au maître de Jouvenceaux, déjà cité pour Giaglione, soit à Pietro da Milano. Du maître de Jouvenceaux nous avons pour témoignage l'Entrée du Christ à Jérusalem du portail extérieur latéral de la cathédrale San-Giusto de Susa, à rapprocher de l'Entrée du Christ de Lanslevillard, et, par ailleurs, dans l'église San-Francesco de Susa, quatre évangélistes, saint Pierre et saint Paul.
Cette suite de cycles de vies de saints valsusine et mauriennaise, qui débute au milieu du XVe siècle pour s'achever au tout début du XVI e siècle, étend ses ramifications de Salbertrand (église paroissiale) et Jouvenceaux (église Sant' Antonio) à Suse par Chiomonte (chapelle Sant' Andrea), la chapelle Sant' Andrea de Ramat, où subsistent des fresques du Maître de Ramat, qui suit le courant post-jaquerien, la chapelle San Stefano de Giaglione, et Lanslevillard et Bessans. Elle se poursuit à travers la vallée supérieure de la Doire Ripaire, s'échelonnant de Bussoleno, ancien centre d'une foire qui fut très fréquentée par les marchands de bestiaux mauriennais, où se situe l'œuvre pleine de douceur du Maître de Foresto, dans la chapelle della Madonna delle Grazie (Crucifixion, Vie de la Vierge, suite de saints abbés et thérapeutes), l'église Saint-Pierre d'Avigliana et Pianezza.
Non loin d'Avigliana, à Sant' Antonio di Ranverso, nous atteignons une tout autre dimension avec Giacomo Jaquerio.
Giacomo Jaquerio
Le Turinois Giacomo Jaquerio (1401-1453), qui réalise le superbe ensemble de fresques de l'abbaye de Sant' Antonio di Ranverso à Buttigliera Alta, est un peintre de la cour de Savoie.
L'assistance hospitalière était passée au XIIe siècle aux nouveaux ordres hospitaliers : Templiers, Hiérosolymitains et Antonins. Ces derniers, protégés par le comte Humbert III de Savoie dit le Bienheureux, s'établirent dans les dernières décennies du XIIe siècle à Rio Invers, pour soigner la lèpre et le mal des ardents. Jaquerio œuvre dans leur abbaye à la fin de sa vie, en plusieurs campagnes de travaux, et signe d'une inscription et d'un autoportrait.
Chœur, chapelles latérales et sacristie présentent un remarquable ensemble de peintures murales : Les Prophètes, évoquant ceux de Matteo de Viterbe à Avignon, une Vierge au trône accompagnée d'une cohorte de saints, Vie de saint Antoine, Messe de saint Grégoire, Scènes champêtres, nettement influencées par les frères Limbourg des Très Riches Heures du duc de Berry. Au Christ surgissant du tombeau, une réminiscence de Fra Angelico (Santa-Croce à Florence) apparaît dans ces mains surgissant du néant pour présenter au Sauveur de l'humanité les instruments de la Passion. On notera également les miracles de saint Blaise, saint agraire et protecteur.
Dans la sacristie se trouve son ouvrage majeur : La Montée au calvaire, à la dynamique très particulière, empreinte d'un authentique réalisme, et dont la composition dériverait, selon Gardet, du Parement de Narbonne, un panneau de soie du XIVe siècle, conservé au Musée du Louvre.
Face à Rivoli, de Jaquerio ou de son école, nous trouvons les fresques de l'église San-Pietro de Pianezza : un Christ en croix, yeux clos. Derrière lui, un mur crénelé percé d'archères figure Jérusalem. Les autres personnages, saints, Vierge debout, semblent droit issus des murs de l'abbaye de Sant' Antonio di Ranverso. Quant aux bordures et encadrements, en particulier les médaillons et les typiques motifs losangés blancs et noirs, issus de l'œuvre des céramistes Cosma, sont de facture jaquérienne, comme les rinceaux de chicorée gothique terminés par une petite fleur ronde. Nous allons trouver leur équivalent à San-Giorio, sur les murs intérieurs de la petite chapelle romane del Conte, où elles furent découvertes en 1978 sous un épais crépi. Une crucifixion dans l'abside, un Christ bénissant entouré des symboles des quatre évangélistes à la voûte en berceau, un cycle de la Vie du Christ, et une très intéressante représentation d'un thème plus archaïque : la légende des trois morts et des trois vifs, la seule connue dans la région qui nous concerne. Peut-on attribuer à Jaquerio la paternité de ces œuvres, mis à part la légende, qui remonte probablement au XIIIe siècle ? Dans ce même village, au sortir de la rue principale qui suit le tracé de la vie Francigena, l'actuelle chapelle Saint-Sébastien comporte en façade une fresque du début du XVe siècle représentant saint Georges, son ancien patron, avec la princesse, une représentation du château de San-Giorio, aussi saint Roch et peut-être saint Sébastien, plus tardifs. C'est l'unique représentation de saint Georges en Val-de Suse.
Au portail latéral de la cathédrale San-Giusto de Susa, à gauche du campanile : deux anges tiennent un écu surmonté du chapeau cardinalice de Guillaume d'Estouteville, qui passa de Rome en Maurienne vers 1451. Il est certain que Jaquerio, qui élabora son œuvre dans les Etats du premier duc de Savoie Amédée VIII, connaissait fort bien les miniaturistes véronais et lombards de la cour des Visconti — Filippo Maria Visconti était le gendre d'Amédée VIII — et l'école savoyarde d'enluminure. S'il fit de larges emprunts aux artistes flamingo-bourguignons, savoyards et italiens, il imposa à Sant' Antonio di Ranverso sa poétique personnelle, caractérisée par un esprit vigoureusement polémique et d'orientation populaire, révélant une religiosité d'un pathétique intense, avec des occurrences proches du beau gothique international.
Plus puissante personnalité picturale du XV siècle en Piémont, Jaquerio et sa pléiade de frères et neveux occupent la majeure partie du XVe siècle. De nombreux artistes peindront à son imitation, souvent anonymes, comme à Lanslevillard et Bessans, que l'on peut considérer comme ses épigones.
Defendente Ferrari
Début XVIe siècle s'élabore en Val-de-Suse l'œuvre fondamentale de Defendente Ferrari, artiste natif de Chivasso. Il ne s'agit plus ici de peinture murale mais de tableaux et polyptyques destinés à orner les autels.
C'est un familier de l'entourage des Paléologues, marquis de Montferrat, dont le dernier représentant est Gian-Giorgio, évêque nommé de Casale en 1517, qui reprit la couronne en 1530 à la mort de son neveu Boniface.
En 1530, Defendente Ferrari s'engage envers la communauté de Montcalieri à peindre un tableau pour le maître-autel de l'église de l'abbaye de Sant' Antonio di Ranverso. L'œuvre est réalisée en 1531, datée, signée, la prédelle représente naturellement la vie de saint Antoine. Et sa dernière œuvre sera le tableau de saint Crispin et saint Crispinien pour l'église San Giovanni d'Avigliana en 1535. Toutes ses peintures à l'huile sur un support en bois de peuplier, divisé et encadré de corniches sculptées, sont réalisées pour lui à Chivasso par Francesco della Porta. Ses premières œuvres sont encore dans la manière gothique, les dernières appartiennent au goût renaissant.
La plupart de ses œuvres en Val-de-Suse se retrouvent à Avigliana, que domine l'ancien château des comtes et ducs de Savoie : une Annonciation avec saint Sébastien et saint Roch dans l'église de la Madonna dei Laghi, et de nombreux tableaux et polyptypes dans l'église paroissiale san Giovanni Battista. Il exécute une série de saints, mêlant la famille du Christ, saints du premier millénaire, fondateurs d'ordres religieux (saint François d'Assise, saint Bernard de Clairvaux), pères de l'Eglise (saint Jérôme), et deux représentations de sainte Ursule. Trois tableaux présentent la particularité de présenter au revers une seconde scène en clair-obscur, tirée de la Passion du Christ. Nous retrouverons au début du XVIIe siècle un procédé analogue chez le peintre et sculpteur bessanais Jean Clappier (Rosaire de Lanslevillard et panneaux de Thomas Becket à Avrieux).
Enfin, sur un tryptique dans l'église de l'abbaye de Saint-Michel de-la-Cluse, au-dessus d'Avigliana, une Vierge à l'enfant accostée de saint Michel et de deux abbés, et, dans la sacristie de la cathédrale San-Giusto de Susa, le beau tableau de Marie et Joseph adorant l'enfant Jésus qui provient de la Chartreuse de Santa-Maria-in-Banda près de Villar Focchiardo en Val-de-Suse.
Defendente Ferrari représenta en Val-de-Suse l'active école de peinture de Vercelli, dirigée par Gian-Martino Spanzotti, qui forma entre autres émules le Sodoma en sa jeunesse, Macrino d'Alba, Gerolamo Giovenone et Gaudenzio Ferrari de Valduggia. Cette école eut un rayonnement non équivoque dans toute l'aire régentée par la cour de Savoie. Mais Defendente se distingue de ses compagnons car sa manière mêle les prolongements d'un gothique tardif au maniérisme de la Renaissance du Nord.
Dans le vaste phénomène culturel de la civilisation « des vallées et des cols », en peinture, la prépondérance des maîtres venus de l'actuel versant italien paraît incontestable, et la pénétration se fait du Val-de Suse vers la Maurienne. Ce phénomène s'inversera dans les premières années du baroque pour les œuvres sculptées, mais il peut se comparer, dans une moindre mesure, au phénomène d'infiltration des artistes venus du Val Sesia vers la Tarentaise à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle.
Il existe une solution de continuité tout au long de la Via Francigena, matrice de la structure urbanistique et reflet de l'unité politique de l'époque.
Il est loisible de penser que les villes ducales de Savoie et d'Italie du Nord furent le creuset d'expériences artistiques novatrices coexistant avec une vision du monde encore profondément attachée à l'esprit et aux formes du Moyen Age finissant, et, selon Huizinga, la relation entre l'humanisme naissant et le déclin du Moyen Age paraît bien moins simple que nous ne serions enclins à l'imaginer.
Toutes ces œuvres dégagent une gravité mélancolique, souvent pudique, une tendance à préciser les détails et développer jusqu'à l'extrême pensées et images. Culture « à un seul étage », elles confondent les classes sociales dans la vision d'un même spectacle. Quoi qu'il en soit, bien que ne rendant que la forme visible des choses, la peinture gothique exprime un sens profond dont il nous appartient de découvrir et déchiffrer les signifiants avec nos propres codes culturels.
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