Le mariage apparaît particulièrement fécond aux yeux de l'historien. N'est-il pas le test social qui permet d'aborder plusieurs sujets fondamentaux pour l'histoire des sociétés et des mentalités ?
Certes, le mariage est d'abord une aventure personnelle, dont hélas l'historien ne peut savoir grand'chose (les intéressés non plus, parfois). Mais au-delà des sentiments et des aventures humaines, l'union de deux êtres imbriqués dans un ensemble complexe de classes sociales et de circonstances historiques donne forcément le reflet des unes et des autres. «Dis-mois qui tu épouses, je te dirai qui tu es» - «Dis-moi comment tu épouses, je te dirai ce que tu penses». Le mariage ouvre donc de bons chemins pour pénétrer dans l'intimité des différentes classes sociales et découvrir le secret de leurs relations entre elles.
Le mariage est aussi un sacrement, dont le contenu et la pratique révèlent certains aspects de la vie religieuse au fil des temps. Cependant, à côté du prêtre se trouve l'homme de loi qui codifie l'union de deux fortunes, permettant ainsi les ascensions sociales, même si la richesse des uns résulte de l'appauvrissement des autres.
Le mariage est enfin une fête, d'autant plus intéressante que théoriquement l'occasion ne se renouvelle pas. Ici encore, la célébration des agapes nuptiales et des rites de fécondité révèle des richesses insoupçonnées de «folklore» et de traditions. Les Savoyards vont prendre plaisir à les redécouvrir, à l'heure où notre société actuelle en pleine crise culturelle est en train d'en perdre le souvenir et la pratique.