Le choléra en Savoie en 1854.

Par la Société médicale de Chambéry.

Une excellente monographie du choléra d’Annecy, adressée à la Société dès la fin de 1854 par le docteur Callies, devint, pour la commission chargée de l’examiner, l'occasion de la motion suivante : « Réunir les éléments d'un tableau aussi complet que possible de la marche du choléra en Savoie, durant l'année 1854. » — « Ce travail pouvait jeter quelque lumière sur les théories qui avaient décerné l'immunité cholérique aux thermes sulfureux, à certains terrains, à certaines altitudes. Dans tous les cas, il ajouterait quelques données, si restreintes fussent-elles, sur ces questions de contagion, de préservation, de traitement, ballotées pour longtemps encore au gré de statistiques contradictoires en apparence et d'interprétations plus ou moins légitimes ; il témoignerait du moins de la sollicitude de la Société pour les intérêts sanitaires et économiques du pays , en même temps que de son zèle pour la science. »

Appréciant ces considérations dans sa séance du 27 février 1855, la Société adressa une circulaire aux médecins de la Savoie et à toutes les personnes que leur position ou les circonstances avaient mises spécialement à même d'observer le fléau.

Des communications nombreuses et intéressantes ré-pondirent à cet appel formulé au nom de la science et du pays, et dont le programme s'était trouvé tout esquissé dans le mémoire du docteur Callies. Toutefois, nous dûmes regretter le silence de quelques-uns des médecins qui avaient eu à combattre la maladie, et le laconisme (le quelques autres. A défaut de notes, que trop peu de praticiens s'astreignent à garder, il eût été facile à quelques-uns de trouver des éléments plus nombreux et plus substantiels dans la simple confrontation de leurs souvenirs, récents encore, avec les dossiers des administrations provinciales et les registres mortuaires des paroisses envahies.
La commission nommée par la Société pour compulser et analyser les communications reçues, a dû suppléer aux lacunes par de nombreuses recherches personnelles. L'obligeance qu'elle a rencontrée dans les bureaux des diverses intendances et auprès des autres administrations civiles et religieuses, lui a rendu ses démarches non moins faciles que fructueuses.

Mais diverses circonstances particulières aux membres de la commission , et les longueurs imprévues de leurs recherches, les ont conduits bien au-delà de l'époque où une publication totale aurait gardé sa valeur d'actualité. D'un côté, en effet, la parité d'attitude de l'épidémie en Savoie, en France, en Italie, partout enfin où elle s'est montrée en 1854, est maintenant reconnue. De l’autre, l'histoire et l'appréciation de diverses mesures administratives auxquelles la Société médicale est restée étrangère comme corps, réveilleraient aujourd'hui, sans avantage immédiat, des questions de personnes plus souvent que de principes. La commission réservera donc pour une opportunité, que Dieu veuille indéfiniment écarter, bon nombre de documents scientifiques ou administratifs, qui allongeraient sans raison suffisante cette compilation. Elle se bornera aux parties de son enquête qui en résument brièvement les résultats, et sont encore aujourd'hui susceptibles d'éveiller un intérêt plus ou moins général.

Ainsi, nous indiquerons d'abord les documents imprimés ou manuscrits où nous avons puisé. Cette espèce de bibliographie savoisienne du choléra sera tout à la fois une preuve de juste reconnaissance envers les personnes qui ont répondu à notre appel, une garantie non moins qu'une facilité offertes à ceux que séduiraient de plus amples études, et une occasion d'apprécier brièvement les travaux que ne feraient pas connaître suffisamment nos citations ultérieures. — Après l'exposé succinct de la constitution atmosphérique de 1853-54, nous donnerons la chronologie de l'invasion et (le la durée du choléra en Savoie, avec la statistique générale des cas et décès par Communes. — Tirant ensuite de nos données leurs corollaires les plus saillants et les plus locaux, nous dirons quelque chose de l'influence de la mortalité épidémique sur la population, — des immunités hypsométrique, géologique, thermo-sulfureuse, — de la cause prochaine et du mode de propagation, — de la valeur de l’hygiène, — de l'influence cholérique, — de la diarrhée prémonitoire, — du caractère typhoïde, — de quelques maladies concomitantes, — du traitement. — Enfin, nous signalerons la part prise par la Société médicale, comme corps, à la répression de l'épidémie ; et nous terminerons en remémoriant les dévouements qui honorèrent notre pays durant cette épreuve.

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