Présentation (de 1991) : Ecrire une histoire complète du château de Chambéry reviendrait à retracer, à travers le destin de ses pierres vénérables, toute l'histoire de la Savoie du XIIIe siècle à nos jours. Avec ses tours et murailles noirâtres et solennelles, avec ses grands toits d'ardoises, avec les gracieux ajournements de la Sainte-Chapelle, avec ses grands et sages bâtiments administratifs, avec ses grands parcs, le château est plus qu'un simple bâtiment historique : il est un petit monde en soi. Les sceptiques y chercheront en vain la « grande histoire », de grands événements et des merveilles artistiques, mais on est aussi loin de l'histoire purement anecdotique ou de la « vanité locale ». Le château est lourd de pesanteur historique aussi bien dans ses pierres que dans la vie de ses hôtes princiers ou bureaucratiques. Les voyageurs d'antan trouvaient que les princes de Savoie étaient modestement logés, mais par la suite on jugea que les préfets, qui avaient succédé à ces derniers, étaient vraiment royalement installés. Il n'est pas peu original en effet de voir les fonctionnaires et employés de nos Républiques jacobines et démocratiques logés sous les lambris de l'Ancien Régime avec une chapelle officielle en exercice, continuité remarquable et tout-à-fait normale pour les uns, usurpation et décadence pour les autres. En fait, le château est un ensemble perpétuellement vivant où l'histoire et la politique cohabitent sans trop de heurts, où les touristes peuvent croiser les habitants des lieux qu'ils visitent, où l'on ne cesse de travailler, mais aussi de se distraire parfois et de s'émerveiller toujours.
