Avant-propos de l'époque proposé par Maurice Messiez.
Notre société publie davantage de livres d'histoire que de livres d'archéologie. Comment pourrait-il en être autrement? L’histoire se vit au quotidien, se retrouve dans les mémoires, s'amoncelle dans les archives publiques ou privées. L'archéologie, elle, est le fruit de découvertes dues au hasard, de mises au jour sur des chantiers surveillés, du flair de chercheurs avertis. C'at plus ingrat et plus passionnant, plus «juvénile» et pourtant vingt à cinquante fois séculaire, plus concentré en un site et plus dispersé sur l'ensemble du territoire. Les travaux d'archéologie exigent un temps infini et ne peuvent cependant être entrepris qu'en des périodes limitées par les saisons ou les délais d'un chantier. C'est, sur notre passé, la science du défi, l'imagination raisonné, associées aux connaissances du présent la plus modernes, les plus précises et les plus encyclopédiques. C'est le dur labeur des muscles, la virtuosité des doigts de fée et la patience méthodique de l'esprit. L'archéologue, chaque jour, est l'historien, l'architecte, le géomètre, le manœuvre...
En Savoie, la pépinière actuelle est exceptionnelle par sa vitalité, sa jeunesse, son éclectisme professionnel. Les auteurs de cet ouvrage sont des amateurs - au sens noble du terme - qui ouvrent leurs chantiers de fouilles durant leurs congés et rédigent leurs rapports à leurs heures de loisir. Nous sont donc présentés ici des chantiers d'ouvriers, de professeurs, d'ingénieurs, de pharmaciens... Tous ont leur spécialité, dans une sorte d'indépendance scientifique, mais tous se retrouvent pour confronter, pour coordonner leurs travaux au sein de l'Association Départementale pour la Recherche Archéologique en Savoie. Que le lecteur ne s'étonne pas des différences de style, voire de sensibilité : chacun, dans cette équipe unie, a le sien, la sienne.
A lire nos amis archéologues, à les rencontrer Tété sur leurs chantiers, ceux qui possèdent les deux premiers livrets sur l'archéologie édités en 1970 et 1972 par la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie mesureront combien s'est approfondie la culture scientifique de ces chercheurs; et ceux qui conservent les 10 ans d'archéologie en Savoie publié en 1984par cette A.D.R.A.S. citée plus haut saisiront mieux ce que le travail de ces «taupes» peut avoir pris d'ampleur en si peu de temps, afin d'empêcher que les pages de notre passé, ouvertes par les engins des chantiers que connaît la Savoie, soient à jamais détruites ou recouvertes sans avoir été déchiffrées...